Deeri

Une petite histoire comme ça... Ecoutez la musique du monde distorsion en meme temps, en tout cas moi ça m'inspire





Je shoote dans un caillou ocre sur le chemin du retour de l’école. Il roule jusqu’au bord du gouffre, hésite un moment à tomber,et sombre finalement dans l’infini bleu foncé qui s’étend au-dessous du Village. L’air est épais, étouffant. Je continue de marcher un petit moment, et j’arrive devant ma maison que je partage avec mon père et ma mère, qui, Dieu merci, ont été épargnés . « Pour l’instant » me dit-je, un goût amer dans la gorge.
Je m’appelle Deeri, et je vis dans un monde en perdition, où le temps et l’espace se détruisent jour après jour. Sombre tableau, je sais, mais je peine à trouver quoi que ce soit de réjouissant ici-bas.
Je poussais délicatement la porte de chez moi.

-Coucou, Maman. fit-je d’une voix faible
-Je t’ai laissé des olives dans le bol gris. Ne mange pas tout, c’est aussi ce que tu aura ce soir. marmonna-t-elle, le nez dans un bouquin.

Ma mère est copiste depuis que l’imprimerie a sombré, il y a deux ans. Elle a constamment les mains pleines d’encre, et à la fin de la journée, elle a les yeux qui lui lancent atrocement.
Je me dirige vers le bol que Keela - ma mère-, m’a indiqué. Il ne contient qu’une poignée d’olives noires et, bien que je crève de faim, je devrait m’en contenter pour l’instant. De toute façon, je n’ai pas l’intention de les manger. Les olives me donnent la nausée en ce moment.
Les oliviers sont l’une des dernières plantes -avec les pruniers- a pousser encore au Village. Les autres ont succombé au poison des marguerites noires, fleur maléfique de trois mètres à la tige énorme, apparue avec la distorsion. Elle est increvable, et broie les maisons dans son étreinte comme un rien.

-Papa n’est pas encore rentré? Demandai-je
-Non.

Au moins je suis fixée. Mon père est enfileur, c’est-à-dire que il ceinture le Village de filets afin que les roches ocres qui composent le sol du Village ne s‘effondrent pas sur elle mêmes . Il travaille souvent tard. Enfin, quand je dit tard… Le soleil ne se couche jamais. Il ne se lève jamais non plus. En fait, il a cessé d’exister, comme la lune. Je ne l’ai jamais vu,et je soupçonne que le soleil est une légende. Nous autres, au Village, survivons grâce à la tiédeur et au halo bleu sombre de la distorsion. Cette même distorsion qui dévore peu à peu le temps, l’espace, et, par conséquent , les hommes.
Et je suis coincée dans ce monde à l’agonie. Résignée à mourir.

-Je vais me coucher. annonçai-je à ma mère

Après tout, quand je dors, j’oublie tout ce qui me tracasse.

-Fais de beaux rêves. répond-elle mécaniquement

Je me glisse sous mes draps qui me grattent, et m’abandonne au sommeil, l’une des rares choses qui marche encore dans ce monde.

Ouéééééééééé respect mec !!
Nannan, c'est chouette, comme histoire.... ^^ *taupe Mario Party*

A mon réveil (je ne peux pas parler de lendemain vu qu’il y en a plus), ma mère gît par terre, abrutie de fatigue par son travail qui lui a prit toute la nuit. Je regarde par la fenêtre dont le carreau a volé en éclat. Rien n’a changé. Les marguerites sont toujours là à répandre leur poison dans le sol, la distorsion n’a pas disparu. Quelques fois, petite, je rêvait d’un monde où le temps s’écoulait docilement, sans se détraquer, et où l’espace restait à sa place et ne s’effondrait pas. Bizarrement, je n’arrivait jamais à me figurer à quoi ressemblait ce monde.

Je prit une minuscule prune et l’avala tout rond, même le noyau y passa. Après tout, ce ne sont que des nutriments supplémentaires. Je me débarbouille le visage avec l’eau que j’ai puisée hier, et me mouille un peu les cheveux pour mieux les ébouriffer, seule concession à la coquetterie que je me permet. J’enfile une tunique à l’origine blanche, mais qui avec le temps, a pris la teinte ocre caractéristique de ce monde. J’enfile mes vielles sandales. Ici, pas besoin de chaussures chaudes. La température reste constante, comme la météo. De tout façon, les nuages seraient touts étriqués dans mon monde devenu tout petit à force de se morceler.

Je sortit de chez moi pour rejoindre l’école qui de trouve à quelques pas à peine, au centre du Village. La cloche sonne le rassemblement des élèves, mais le son puissant me parvient déformé, à cause de la distorsion de l’espace. Je prends la direction de la classe 4, la mienne. Il y a une dizaine de tables, toutes occupées. La salle sent la craie et la poussière. Je prends place juste à coté de la porte et m’affaissa sur la chaise vermoulue. Un garçon aux cheveux châtains clair se pencha vers moi et susurra:

-Alors, Deeri? Toi et ta famille êtes toujours là? Quel dommage…
-Ta gueule, Lucius.

Je sent la haine monter en moi, et je serre les poings à m’en blanchir les doigts. Lucius était le pire salopard au monde, imbu de lui-même, arrogant, mesquin, appuyant toujours où ça faisait mal.

Lucius a poussé Delta dans le vide, il y a de cela 6 mois.

Il l’avait fait exprès, sous mes yeux.

Il avait souri, après son forfait, à mon adresse.

Depuis, j’attends avec ardeur que la distorsion le morcelle dans d’atroces souffrances.

Suri, la femme chargée de nous instruire, où plutôt de nous faire oublier que nous sommes condamnées arrive en trombe dans la classe, haletante, dispersant des feuilles de papier sur son passage. Elle s’assoit brusquement sur son fauteuil et en bondit presque aussitôt pour distribuer frénétiquement des livres. Un vieux recueil fatigué valse sur ma table. Je jette un œil fatigué sur l’ensemble de la classe. Les autres s’étaient jetés comme un animal affamé sur le travail. Ils le considèrent comme un échappatoire momentané à leur situation désespérée, et je ne saurait leur en vouloir. Seul Lucius ne prend même pas la peine de regarder le manuel sur sa table et m’envoie un sourire absolument faux. Je prends un feuille et un stylo et me mit à griffonner des scènes où s’égorge Lucius, d’autres où je le pends, enfin, rien que des réjouissances morbides. Suri ne vérifie pas notre travail, elle compte sur la pression de la distorsion et de la mort imminente. Elle n’a pas tort, car même moi je cesse de dessiner toutes les morts possibles et imaginables de Lucius pour me concentrer sur la formation en strophes d’un poème parlant d’amour et de vertes prairies . « Il a du être écrit il y a bien longtemps » me dit-je. Aujourd’hui, plus personne de rêve de fleurs de toutes les couleurs.

Je continuait pourtant à m’acharner jusqu’à ce que la cloche sonne la fin.

Waw, tu écris drolement bien, j'ai hate de chroniquer Sola !!

Waouh trop bien ecrit^^
C'est un peu comme dans explorateur du temps le decor^^